Pau/Pyrénées
Par Pierre le jeudi 12 avril 2018, 19h51
Dans TRIBUNE LIBRE
Où est l’âme de la Cité des Pyrénées ? interroge la journaliste Marie Berthoumieu, dans un article de la République des Pyrénées du 12 avril.ICI
Dans chacun de nous d’abord, adhérents, militants, salariés, usagers, sommes-nous tentés de répondre tant son article nous touche même s’il y a longtemps que nous partageons une grande partie du constat.
Hélas…
Quand une « bande » de montagnards, artisans, travailleurs sociaux, passionnés s’est levée pour participer au côté de la MJC à la fin des années 90 à la création de La Maison de la Montagne ce n’était pas pour en faire un projet de quartier mais bien un endroit montagne fédérateur, sans frontières et ambitieux.
Nous parlions alors de Pôle Montagne, de Lieu de Référence, de Centre de Ressources. Nous prenions nos modèles sur la Maison de la montagne de Grenoble et la bibliothèque marchait dans les traces de celle de l’ENSA à Chamonix (où existe déjà une maison de la montagne et que nous avions visitée) ou du centre de documentation de Sabadell. Les bénévoles y ont cru, et chacun pour justifier l’idée a prêté ses propres livres, ses revues, cartes IGN, livres rares, topos pour constituer le premier fonds documentaire, .
Pau, Porte des Pyrénées, c’était pour nous, littéralement, une évidence.
Pau capitale du pyrénéisme, personne ne pouvait le nier. Ville belvédère, site classé, ville où vécu Henri Russell, où fut même inventé le concept de pyrénéisme, et cetera.
Ce furent longtemps avec ces arguments et nos énergies que nous nous sommes battus auprès des élus. Parce que Pau méritait cette première place et que nous le revendiquions fortement.
Le chemin était tracé, l’ambition bien là, le projet architectural de Jean-Jacques Cachau bien né, aux normes environnementales élevées et nous offrions alors à la municipalité, avec l’aide du Réseau, l’idée de posséder la médiathèque montagne spécialisée la plus grande de France ! la médiathèque Henri Barrio.
Une partie du boulot a été faite.
On dit du boulevard des Pyrénées qu’il est la plus belle vue de la terre comme Naples est la plus belle vue de la mer. Rien en France ne lui est comparable si ce n’est la promenade des anglais à Nice. Rien que ça !
Il n’y a pas si longtemps avec Olivier Bessy, professeur et chercheur en tourisme à la fac de Pau, nous nous posions la question de savoir qu’elle était la place de la montagne dans le cœur des Palois. Nous partagions l’idée que Pau aurait du devenir pour les montagnards l’équivalent du Biarritz des surfeurs, créer au moins autant d’économie, d’attrait, de magnétisme pour l’Europe entière.
Hélas, Pau, comme le Béarn souffre sans doute de sa richesse et de sa beauté. Trop de choses y sont possibles. On a du mal à choisir : ski, plage, surf, montagne, escalade, gastronomie, canoë, campagne. Ce pays est un diamant pour qui aime la nature, la qualité de l’environnement, la tranquillité. Au XIXème siècle, les Anglais (qui ont tout découvert) ne s’y étaient pas trompés.
Quand je vois la photo peu flatteuse de l’article et que je la mets en écho aux milliers d’heures que les bénévoles ont investit pour que ce projet existe, je suis profondément touché. Et nous devrions tous être touchés !
Non que la photo triche mais elle reflète un bâtiment où les lumières semblent s’éteindre peu à peu, où l’énergie comme de la vapeur d’eau s’échappe par les planches disjointes. C’est ça l’image que nous renvoyons ! Et l’article appuie là où ça fait mal.
Nous croyons toujours à un projet municipal même si les conditions des financements publics ont changé, même s’il faut remettre tous les jours sur l’établi le projet initial.
Nous croyons fermement qu’à Pau un Pôle montagne ambitieux est possible dans ce quartier populaire parce que l’histoire l’y a établi, consolidé, raffermi. C’est une richesse importante et fondamentale.
Les associations portent ce projet. Un réseau puissant de savoir, de culture, de résonance s’est construit au-delà des difficultés financières et du manque d’une vision politique également partagée.
Alors, pour tenter maintenant de répondre à cet article, l’âme de la Cité est dans chacun de ceux qui viennent passer comme autrefois un moment à la cordo autour d’un café, demander un renseignement chez les alpyrando ou boire un verre au dévernissage d’un artiste contemporain ou d’un peintre qui revient encore couvert de la lumière des montagnes.
Deux des plus grandes associations paloises de montagne (le CAF et les APNP) proposent chaque semaine un encadrement sûr, des découvertes multiples, l’expérience et l’apprentissage vers l’autonomie.
Alpyrando est devenu un lieu incontournable. La cordo se renforce. Montagne Douce a vu le jour et a embauché un salarié. Il y a un modèle économique montagne qui s’affirme.
Il y a une énergie inestimable qui ne demande qu’à se maintenir, un réseau de gens sensibles, sympas, ouverts, prêts à tout partager.
On propose l’équipement et le projet social, culturel, sportif, économique, ainsi qu’un réseau de compétences que beaucoup de grandes villes pyrénéennes nous envient.
Alors qu’est-ce qui cloche?
Il y a eu des moments de doute ces derniers temps, c’est certain, mais le foyer est là, la cheminée fume, les montagnards rentreront toujours des Pyrénées avec des histoires à raconter.
La Maison de la Montagne se doit d’être là, en pointe. Parce qu’il y a si longtemps qu’on travaille. Parce que c’est Pau, ne l’oublions pas. Nous pouvons contribuer à son rayonnement mais il faut que ce soit avec tout le monde, tous ceux qui se doivent d’être concernés dans la Ville, l’Agglo, le Département.
Pau/Pyrénées, il y a là une cohérence historique et culturelle et qu’il faut être aveugle ou insensible pour l’ignorer.
Pour rappel et pour tous ceux qui veulent débattre et être convaincu qu’un Pole montagne de référence, est possible à Pau, à Berlioz, l’AG de la Maison de la Montagne est le 29 juin.
Nos élus y seront bien évidemment interrogés.
Pierre Macia, Président de l’association La Maison de la Montagne